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le bleu de Vermeer
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1 février 2013

le bleu de Matisse

Les coucous, tapis bleu et rose

Né dans une région marquée par l'industrie textile, fréquentant assidûment depuis son plus jeune âge les ateliers de tisserands et de créateurs de tissus, Henri Matisse collectionna des tissus dès ses premières années aux Beaux-Arts, parcourant les éventaires des brocantes parisiennes en quête d'échantillons, et cela jusqu'aux dernières années de sa vie, transformant son atelier en trésor recelant quantité de paravents, tentures, rideaux, jetés de lit, costumes, broderies arabes, tapis d'Orient et nattes en raphia africaines. Il appelait cette collection sa "bibliothèque de travail"1, dans laquelle il puisait des échantillons qu'il emportait avec lui lors de ses voyages. Les tissus enflammaient l'imagination de Matisse, et ne l'enflammèrent jamais autant qu'au cours des dix années qui précédèrent la Première guerre mondiale, durant lesquelles, pour la première fois, il construisit directement ses toiles à partir de couleurs pures. Il disait que le matériau lui-même -"fresque, gouache, aquarelle, étoffe de couleur"- importait peu2. Ce qui comptait, c'était la texture de la couleur et l'émotion qu'elle dégageait.

Les Coucous, tapis bleu et rose, peint au cours du printemps 1911, fait partie d'une longue suite d'expériences qu'il mena à cette époque sur les fleurs ou les fruits et les tissus. Cette série particulière s'inspire de Nature morte au geranium de 1910 (fig. 1), tableau qui suscita un enthousiasme si fervent chez Vassily Kandinsky que ce dernier convainquit le collectionneur russe Serguei Shchukin, de commander cet hiver-là deux autres natures mortes de mêmes dimensions et traitant du même thème3. Ce qui fit impression sur Kandinsky, Chtchoukine et le baron de Tschudi, directeur des musées impériaux d'Allemagne qui avait acquis l'oeuvre, c'était la témérité des couleurs utilisées par Matisse et l'indiscutable modernité de sa construction abstraite. Il composa son tableau autour d'un ruban de toile de Jouy, tissu que Matisse affectionnait et utilisait abondamment, et qu'il qualifiait de "volume important dans ma bibliothèque de peintre"4. Dans Nature au geranium, la toile de Jouy décrit une oblique qui traverse le tableau avec la puissance d'une cascade ou d'un tourbillon, entraînant les véritables fleurs dans le rythme effréné de son motif floral, incorporant le pot ou le coussin peints au centre de la composition, aérant et aplanissant de conserve le plan entier de l'image, tout en absorbant les murs blancs de l'atelier dans sa propre combinaison chromatique de turquoise, bleu et rose

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